Le mannequin de vitrine… et Vous

Tout a commencé autour d’un déjeuner.

Un déjeuner que j’ai eu le plaisir de passer avec une femme toute belle.
Qui, je crois, ne le sait pas vraiment.
Qui, je pense, croit que sa beauté se trouve dans son corps qu’elle a si mince.
Et qui, pour moi, cache en fait toute l’intensité de vie qu’elle porte en elle.

Une femme qui nous fait passer à côté de sa nature, si belle.

C’est une femme que j’aperçois rapidement de temps en temps, en coup de vent, pressées que nous sommes souvent entre deux conduites, deux rendez-vous, nos journées bien chargées.
Cela faisait presque un an que nous cherchions à nous voir plus longuement.
Et nos vies avaient décidé que ce serait aujourd’hui.

C’est une femme dont on peut dire quand on la croise, qu’elle a de l’allure.

A chaque rencontre pourtant, en coup de vent, il me restait au fond de moi un petit brin de je ne sais quoi qui m’empêchait d’avoir l’impression de la rencontrer elle, vraiment.

La rencontrer, être en lien, facilement.
 Doucement.

Aujourd’hui la tête au-dessus des menus que l’on nous a tendus, plus je la regardais de près et plus je la découvrais. Moi qui l’avais toujours croisée sans arriver à l’accrocher, j’avais enfin le plaisir de l’approcher.
L’approcher physiquement. L’approcher aussi autrement.
Émotionnellement, sensoriellement.

Or plus je la découvrais plus, d’une certaine façon, je m’attristais.

Je m’attristais de constater que la couleur des vêtements qu’elle portait créait une barrière entre elle et moi.
Que ce sont ces couleurs en décalage avec ses couleurs naturelles qui ne me permettaient pas depuis si longtemps, cet accès facile à la richesse qu’elle porte en elle.
De cette richesse qui dit tout d’un seul coup d’œil. Par le regard.

Assise face à elle, faisant le choix de mon repas, j’ai eu la chance de découvrir l’intensité qui se dégage d’elle lorsqu’elle accepte de laisser son regard parler.

Un regard fait d’un iris bleu tirant sur le gris, dont le cœur est d’or.
Le genre de regard qui me laisse pleine d’admiration par ce que la nature sait créer.
Naturellement, tout simplement.

Cette femme, qui par un jeu de couleurs vit cachée, a pourtant tant à communiquer, tant à nous apprendre des cadeaux de la vie !

Cachée derrière des couleurs éclatantes, je découvre une femme dont la maladie accompagne le quotidien.
Qui a su se relever au moins deux fois de chocs qui ébranlent toutes les certitudes.
Le genre de choc qui coupe un chemin de vie, tel un mur dressé au milieu d’une autoroute face à des voitures lancées à grande vitesse.

Une femme qui a su développer une telle philosophie de la vie !

Qui a tant à m’apprendre. Tant à nous apprendre.
De l’appréciation de chaque instant.
De l’adaptation. De la résilience.
De sa propension à vivre heureuse, une vie devenue totalement hors de la norme au milieu de nos vies devenues si pressées, si pleines d’exigences, d’attentes, de contrôle.

C’est en me laissant tenter par un plat plein de vivant, de pousses, de graines et de légumes, que j’ai pu constater que si l’on n’avait pas le temps d’un déjeuner avec cette femme si belle et si forte, au regard si puissant, on risquait bien de passer totalement à côté d’elle.
Belle femme d’automne, cachée dans des couleurs d’hiver.
Femme aux yeux bleus et or vêtue de rouge et de blanc.

Pendant que nous échangions sur la vie, sa douceur parfois, ses surprises inattendues comme celle qui oblige à rester alitée pendant des mois, ses leçons apportées au détour d’une maladie, d’une différence, je découvrais avec bonheur beaucoup d’intensité et d’humilité mêlées dans les yeux qui m’observaient.

Je découvrais aussi que par moment, portés par le discours qui sortait en mots et venait directement du cœur, ces yeux se faisaient plus sombres.
Ils prenaient une teinte couleur d’acier qui donnait plus de corps et de poids aux mots qui m’étaient offerts.
La pointe d’or au milieu de cet acier offrait naturellement à ce regard de rester chaud et enveloppant, sans tomber sur le côté tranchant de la lame d’acier.

Quel bonheur ! Quelle chance je ressentais de vivre cet instant !

Pendant que nous parlions et que je découvrais toute la richesse de ce regard, je n’ai cependant pu m’empêcher de me questionner.

Pourquoi ce regard, qui ressemble à tant de regards que je croise actuellement, se laisse-t-il éteindre par des couleurs dissonantes avec leur palette naturelle ?

Mon imagination n’a pu s’empêcher de s’envoler un moment en cherchant quand nous, les femmes, avions cessé de savoir ce qui était bon pour nous, pour être belles, naturellement ?
Dans nos choix de couleurs, de formes, de matières.

Quand avons-nous désappris à porter le vêtement de telle manière qu’il cesse d’être ce qu’il doit être : le simple écrin de notre beauté naturelle ?

En un flash, une lecture récente m’est revenue en mémoire.
Paris, an 1900.

Paris, en 1900. Paris qui accueille l’Exposition Universelle.
Le genre d’évènement pour lequel on n’hésite pas à construire une tour métallique de 324 mètres de haut (Exposition Universelle de 1889), que l’on imagine démonter ensuite, pour afficher au monde entier sa puissance politique, économique, industrielle.

Paris en 1900.
 Pour la toute première fois, des vêtements sont exposés en vitrine sur des mannequins à tête de cire.
 Des mannequins sur lesquels chaque femme peut réellement se projeter.

« En pénétrant (dans le secteur de la couture pour hommes, femmes et enfants), le visiteur était tout d’abord frappé de la façon heureuse dont les produits étaient présentés. La manière ingénieuse d’exposer les toilettes indique un progrès important sur les anciens errements (…); ce sont de véritables salons luxueux (…); ce sont des mannequins perfectionnés avec têtes de cire; en un mot, c’est la femme même élégante, prise sur le vif dans son intérieur scrupuleusement reproduit ».

(in « Paris Haute Couture » catalogue de l’exposition présentée de mars à juin 2013 par l’Hôtel de Ville de Paris).

Au-dessus de mon poke bowl, face à ce regard bleu d’acier au cœur d’or, ce regard si vif si plein de vie, si caché derrière des couleurs qui ne le mettent pas en valeur, je n’ai pu m’empêcher de me demander si ce jour-là de 1900, nous avions réellement assisté à une révolution positive pour la femme ?

Devant ce regard, je doute.

Il est devenu notre norme que dans une vitrine, les vêtements nous soient exposés sur des mannequins dont le corps est entièrement représenté, de la tête aux pieds. Des mannequins tout en jambes, tout en longueur.
Dont le mouvement de cheveux impeccable ne bougerait pas d’un iota quand bien même, à côté, Notre Dame viendrait à brûler, un Canadair à larguer de l’eau sur sa toiture en flammes.

Le mannequin de plastique ne laisse plus de place à l’imaginaire. Ou à la réalité.

Face au mannequin en plastique notre esprit est inconsciemment invité (contraint ?) à ressembler à cette femme longiligne, sans trop de poitrine, sans ventre, sans hanches, sans fesses.
A la mèche de cheveux collée au front.

Immédiatement, face à un mannequin de vitrine, notre esprit s’emballe !

Cette robe m’irait si bien à moi, si seulement j’étais aussi grande, aussi mince – osons nous l’avouer – aussi belle que le mannequin !
Cette robe, ou cette veste. Ou ce short, ou ce pull.
Ces sous-vêtements ou ce maillot de bain.

Aujourd’hui, face à un mannequin de vitrine (ou celui d’un podium de défilé haute couture, semblant vivant, dont la mèche de cheveux ne bouge finalement pas beaucoup plus, même par gros temps) invariablement, vous tirez une conclusion, sur vous.

Une conclusion qui tombe, comme un couperet : je suis mal foutue.
Et viennent alors, facilement, une pluie de jugements.
Les jugements d’être « trop ».
Grande, longue, grosse, carrée, ovale, ronde.

Parce que le mannequin dans la vitrine, ce mannequin face à vous a une figure si… parfaite.

Votre cerveau qui s’emballe lui, a oublié un détail : cette figure si parfaite dans la vitrine n’existe pas dans notre réalité d’êtres vivants.

Vous avez face à vous un mannequin de plastique qui a une allure folle.
Et qui n’a pas d’histoire, pas de croyances, pas de parents, pas de génétique.
Aucune humanité.
Aucune vie, aucune émotion, aucune joie, aucune peine.
Auquel vous souhaiteriez cependant, au fond de vous, tellement ressembler.

Et auquel il n’est pourtant pas juste, de vous comparer.

Je crois du plus profond de mon cœur que c’est au contraire, en embrassant toute votre humanité, faite d’histoire(s) et d’imperfection(s) que vous pourrez atteindre ce après quoi vous courez tant : votre beauté.

Pas celle copié-collé d’un magazine, qui vous laisserait dans la comparaison. Non.
Celle qui n’appartient qu’à vous et vous rend, de fait, unique.
Celle qui se loge au coeur de vous et vous rend attirante, quelque soit votre plastique.

Toute personne qui aujourd’hui rayonne, l’a compris, intégré.

Toute personne qui aujourd’hui rayonne, est passée par une phase de transcendance; est allée explorer d’une manière ou d’une autre son mystère, ses doutes et ses souffrances, pour faire de la somme de ses imperfections un tout vivant, naturellement beau.

Face à ce visage aux yeux d’acier, devant un plateau de desserts à donner envie de tout manger, il m’est tout à coup apparu évident que la vie serait plus facile, plus légère si le mannequin à visage de cire n’avait pas tant émerveillé le Paris de 1900.

Aujourd’hui, votre beauté serait plus assurée si vous aviez encore la liberté d’envisager un monde dans lequel il n’y aurait pas de prêt-à-porter. Normé.
Le prêt-à-porter, une façon de s’habiller qui vous amène nécessairement à vous comparer.

Le prêt-à-porter qui conduit à la conclusion que c’est votre corps, vivant, qui est déformé, qui doit changer.

Que c’est votre corps qui doit changer et non pas ce mannequin de plastique, qui ne ressemble à aucun Être.
Que c’est chez vous que le changement doit s’opérer et non pas sur ce vêtement coupé pour vous aller à vous qui mesurez 1,62 m. Coupé sans rien changer pour vous aller aussi à vous, qui mesurez 1,75 m.
A vous, qui avez la figure de Jane Birkin.
Ou à vous, qui avez les formes de Brigitte Bardot.
Ou celles de Kim Kardashian.

Tout à coup, lorsqu’est arrivé mon café, j’ai envié nos arrière-grands-mères et leurs mères et leurs mères avant elles.

Je les ai enviées d’avoir grandi avec l’idée que la différence était la norme.
Je les ai enviées de ne pas avoir connu le stress que vous ressentez chaque fois que vous passez devant la vitrine des boutiques d’aujourd’hui, qui vous renvoient immanquablement, avec des corps exposés qui semblent si parfaits, au sentiment d’imperfection.

Je les ai enviées de n’avoir rien connu d’autre que la couture faite sur-mesure; à leurs mesures du jour.
Quand bien même leur corps aurait grossi, quand bien même elles auraient maigri.

Et j’ai eu envie de vous inviter à rejoindre le club des femmes qui ont su transcender.

Pour vous offrir à vous aussi, de rayonner au quotidien.

Vous venez ?

À PROPOS DE CÉCILE KRÉE

C’est parce que faire ce chemin vers la couleur, la forme, les matières et plus globalement vers votre garde-robe idéale, seule, peut vous sembler insurmontable que j’ai créé Parcours re-Belle.

Un accompagnement sur 4 saisons pour vous permettre de décrypter votre rapport à votre corps et vos vêtements, comprendre et tester dans la bienveillance ce que vous pouvez changer, pour vous permettre de jouer avec le vêtement, la couleur et votre humeur. Et vous rendre rayonnante chaque matin, quand vous vous habillez !

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