Le Vide

Changer d’angle de vue, comprendre d’autres points de vue.
Tester l’optimisme plutôt qu’avoir une vision pessimiste…

Lorsqu’il s’agit de voir, d’appréhender, comprendre une situation, on nous invite souvent à regarder dans nos verres.
Voit-on le verre à moitié plein ?
Voit-on le verre à moitié vide ?

En ce début d’année 2019, j’ai envie de partager avec vous l’expérience de ne regarder ni l’un ni l’autre. Et de vider le verre. Tout simplement.
Permettre au plein (juste) d’entrer dans le verre (vide).

Pour illustrer mon propos, je vais vous parler de ce que j’ai vécu.
Ce que j’ai vécu depuis toujours; ce qui s’est passé l’année dernière.

J’ai passé 30 ans de ma vie à avoir peur. Du vide.

Dans ma vision des évènements et des choses, je voyais toujours le verre à moitié vide.
Cette moitié de vide m’angoissait, au point souvent de m’empêcher d’agir.
Il me manquait une liste longue comme le bras de choses ou d’évènements qui devaient avoir lieu avant que je puisse bouger.
Et je restais immobile.

Immobile au point de me scléroser par moments, je dois bien avouer.

Car l’immobilité, si elle a la force de la stabilité, a un inconvénient majeur : elle ne fait rien entrer de nouveau dans la situation.
Pas d’air, pas d’idées. Pas de changement. Ni de posture, ni de point de vue.
J’ai ainsi pu expérimenter qu’un corps vivant dans une vie immobile… souffre.
Tout simplement.
Mon verre était à moitié vide. Et l’angoisse de le savoir m’empêchait de bouger.

Constater l’immobilité et la souffrance qui en découlaient m’a pris un temps presque infini.
Plus de 30 ans.

Lorsque j’ai pris conscience de l’angoisse que j’associais au vide, je me suis invitée à voir le verre à moitié plein.

D’une certaine façon, j’ai réussi à me convaincre qu’il me suffisait de m’imposer une idée optimiste pour la faire mienne.
C’est donc avec force que je me suis mise à regarder la moitié pleine du verre.
Pendant près de 10 ans.

C’était devenu une seconde nature chez moi : sentir monter l’angoisse de la moitié vide du verre, la chasser avant qu’elle ne me submerge; me pousser à apprécier la moitié de plein.
C’est ainsi que j’ai réussi à me mettre en mouvement.

Changer de métier est devenu possible.

Passer d’un métier intellectuel à un métier artisanal.
Passer d’une grande entreprise nationale étrangère à l’étranger, à une entreprise unipersonnelle dans un atelier au fond de mon jardin.
Avoir un chef de service, un directeur, une équipe sur laquelle me reposer.
Et me retrouver seule. Pour tout décider, tout gérer.

Il a été salvateur de voir le verre à moitié plein en de nombreuses occasions !

Sans lui, dans les périodes de doute inhérentes à la création d’activité, j’aurais sombré encore plus bas, plus profond que je l’ai parfois fait, en me demandant pourquoi je m’étais mise en mouvement !

La moitié de verre plein m’a permis au quotidien de me rassurer en me ramenant, déjà, à l’essentiel.
Je prenais des risques. C’était un fait.
J’avais peur. Sans aucun doute.
Je continuais cependant de respirer. Je pouvais donc continuer à avancer !

Je me suis ainsi permis d’avancer sur des terrains totalement inconnus.

Mon activité s’est développée doucement.
Parfois trop doucement pour en espérer une dose positive d’adrénaline.
Pour me permettre de continuer à avancer sans laisser les questions angoissantes me submerger, j’ai continué à me tourner systématiquement vers la moitié pleine de mon verre.
J’avais un toit, des repas chauds sur ma table tous les jours, des enfants qui poussaient bien, une vie agréable. C’était bien !

Pourtant, insidieusement, une question a commencé à émerger.

Une question s’est invitée dans mon quotidien bien rodé.
Pour moi qui suis penseur visuel, chaque idée se transforme en images.
Lorsque je parle de verre à moitié vide ou à moitié plein, se forme dans ma tête l’image d’un verre à pied. Un verre à vin.
Un verre de vin.
A moitié vide, à moitié plein de vin.
Rouge évidemment !
Ceux qui me connaissent savent que j’ai un faible avéré pour les bons vins rouges de Bordeaux.

Au fil de mes expériences, l’idée forte de regarder le verre toujours à moitié plein a fini par se muer en doute.
Le doute qu’il était peut-être autant une hérésie de voir le verre à moitié plein, que le verre à moitié vide.

Que se passerait-il si mon verre était à moitié rempli… de piquette ?

Quel sens donner à regarder un verre à moitié plein d’un vin qu’on n’aurait pas envie de boire ?
Un vin tellement acide qu’il brûlerait la gorge quand on le boit.
Tellement mal assemblé qu’aucun arôme particulier ne s’en détache.
Quelque chose de pire qu’un vin qui n’a pas maturé et qui a un arôme vague de banane.
Un vin aigre. Un vin-aigre.

Il m’a fallu assumer faire face à cette question. Et y apporter une réponse en conscience.
En regardant cette question bien en face, j’ai pu admettre que dans ma moitié de verre plein, il y avait un vin que je n’avais aucune envie de boire.
Comment alors continuer à avancer en observant mon verre avec envie ?

Une seule solution s’est imposée : faire le vide.

Vider mon verre.
Entièrement et totalement.
Le vider jusqu’à ce qu’il ne reste plus l’ombre d’une petite goutte de cet assemblage aigre.

Faire le vide. Pour permettre alors de remplir la coupe seulement avec des grands vins.
Entendez moi bien !
Il ne s’agit pas de se satisfaire de grands vins parce que l’étiquette annonce que ce sont des grands crus. Non !
La décision à prendre est autre : faire entrer dans son verre seulement des vins grands, selon son goût.

2018 nous a invités, non plus à faire le simple tri, mais à nous défaire de ce qui n’avait plus de justesse pour nous.

Personnellement du tri, j’en avais déjà fait !
Il y a 4 ans, j’avais fait sortir de ma vie ce qui était devenu inutile.
Trier, donner, jeter. Accepter de se délester de ce qui aussi pourrait servir, un jour.

Il y a 2 ans, j’avais enlevé l’utile qui me pesait – ce qui n’avait pas vraiment la bonne forme ou la bonne couleur; les cadeaux mal ciblés que l’on m’a fait et dont j’acceptais enfin de me délester; ce que j’acceptais de voir simplement comme des objets, en en ôtant le caractère émotionnel que je lui attachais jusque là.

L’an dernier, il me restait encore à faire sortir plus grand et plus fort : ce qui n’était pas juste pour moi, à 100%.
Accepter de me délester de ce qui avait la moitié d’une justesse ou d’un confort.
Et enfin assumer de me servir ou me faire servir uniquement le meilleur des nectars.

Ce qui restait encore était excessivement chargé émotionnellement. Trier et en même temps faire face à mes émotions, s’est avéré d’une grande difficulté et a été à maintes reprises, éprouvant.

J’ai ressenti les plus grandes difficultés sur une décision en particulier.
Difficile à prendre car lourde de conséquences.
Difficile aussi, parce que sa mise en oeuvre s’étalait sur plusieurs mois.
Sans cesse, d’Août à Novembre, par la douleur qu’elle engendrait, j’ai dû me reconfirmer sa justesse pour pouvoir continuer à avancer.

J’avais décidé de me séparer de mon atelier versaillais.

Il s’agissait au fond, d’accepter de lâcher une grande partie de ce que j’avais mis tant de force à bâtir en regardant ma moitié de verre plein.

Accepter de lâcher « en force » et faire entrer « évidence ».

J’ai fermé la porte de l’appartement qui m’a servi d’atelier pendant 5 ans, le 11 Novembre (11/11) à 17h17.
C’était un dimanche. Mon coeur saignait.

J’avais pris la décision de replier mon atelier chez moi, dans l’attente de trouver autre chose. Autre chose, sans savoir quoi, sans savoir où, ni quand.
L’appartement devait être mis en vente cela faisait partie du délestage nécessaire.
Cahin-caha, je savais que je pouvais continuer à travailler de chez moi.

3 jours plus tard, je tombais « par hasard » sur le lieu qui allait pouvoir accueillir la suite de mon histoire professionnelle.
5 jours plus tard, l’appartement était mis en vente.
Je signais ce jour là la location de mon nouvel atelier, à la Briquèterie de Feucherolles.
Un espace de co-working pour créateurs, artisans, acteurs du changement.

Le lendemain, 6 jours après avoir accepté que mon cœur saigne, mon ancien atelier était vendu.

En l’espace de 6 jours, l’histoire avait pris un tournant exceptionnel.
De synchronicités, d’évidences, d’apaisement.

Sans faire le vide, on ne peut pas laisser de place à mieux.

Un fois que l’on a accepté cette évidence, on peut alors se poser la question de savoir si ce qui prend de la place dans nos vies, notre quotidien est juste. Si ça ne l’est pas, commencer à s’en délester peu à peu.
Quand bien même c’est douloureux.
C’est l’étape nécessaire pour pouvoir ensuite savourer le mieux qui immanquablement, arrive.
Le mieux qui convient. Vraiment. A 100%.

Trouver le nouveau lieu de mon activité, en phase avec mes aspirations du moment, n’aurait jamais pu arriver si je n’avais au départ, accepté de faire le vide de ce qui ne me convenait pas à 100%.

C’est pourquoi j’ai envie de vous inviter maintenant à regarder les évènements, les situations que vous traversez sous un angle nouveau.
Plutôt que de regarder la moitié vide ou la moitié pleine de ce qui se passe dans votre vie – qui laisse au final un goût de vie à moitié vécue – si vous regardiez ces situations sous l’angle du vide total ?

Accueillir le vide est inhabituel dans notre société.
C’est pourtant lui qui permet que le mieux puisse s’installer confortablement, durablement, dans votre vie.

C’est le passage par le vide qui vous permettra aussi de savourer.
Savourer de faire entrer dans votre quotidien, dans vos placards, dans votre vie, des objets utiles, beaux et dont l’utilisation vous remplira de joie à chaque fois.

Vous pourrez vous réjouir de voir en parallèle, que vos relations personnelles évoluent avec la même intensité.

Elles seront peut-être moins nombreuses; vous sortirez peut-être moins souvent qu’auparavant.
En même temps, chaque personne que vous rencontrerez, chaque évènement auquel vous vous rendrez, aura le goût suave de la douceur, de la justesse. D’une forme de victoire.

Vous savourerez de pouvoir faire le même tri dans vos en-vies professionnelles.
Quitter des positions dans lesquelles vous ne pouviez donner que la moitié du meilleur de vous-même, pour vous autoriser à présenter vos facettes multi-potentielles au monde.
Et observer que le monde est aujourd’hui prêt à accueillir la multi-potentialité.

Personnellement, je me retourne sur 40 ans de vie à moitié vécue.
Et je me demande pourquoi on nous invite encore aujourd’hui à regarder le verre à moitié plein avec tant de satisfaction ?
Pourquoi on nous fait envisager le vide avec autant de crainte ?

On ne peut remplir de bon, de juste, de vrai, que du vide.

Que 2019 soit l’année où vous accueillez le vide à bras ouverts !
Pour laisser votre terre intérieure respirer et se préparer à accueillir les graines de votre justesse.
C’est à ce prix que vous brillerez du meilleur de vous-même.

À PROPOS DE CÉCILE KRÉE

Par l’accompagnement ou la création, je vous amène à découvrir le plaisir qu’il y a à rayonner en étant juste vous-même au quotidien. En commençant par faire le vide, évidemment !
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